Le Vrai lieu est un solo qui interroge la capacité de l’écriture chorégraphique à figurer un refuge pour un corps déraciné.
 En continuant de s’inspirer du roman inachevé d’Albert Camus, cette création emprunte au Premier Homme les thèmes de l’exil et de la non-appartenance géographique : placé au milieu d’une scénographie à la fois mouvante et démesurée, le corps est projeté dans un espace qui ne lui offre aucun point d’ancrage. Déraciné, fragmenté, paradoxalement cerné par l’infinitude de l’espace, il tente de prendre empreinte dans le flou. Là où la verticalité et l’horizontalité n’existent plus comme repères, il ne peut trouver d’autre appui qu’en lui-même.
Au milieu de cette errance, l’écriture du geste s’offre comme un rempart, palliant tout autant l’absence de terre que l’absence de repères : par sa structuration, elle permet de réagencer les membres désarticulés et de donner une cohésion à un corps que le déracinement a fragmenté. Tout en esquissant les contours de cette danse incertaine, l’écriture chorégraphique de ce solo est conçue comme le lieu possible de la reconquête de soi.